S’il fallait choisir un seul mot pour décrire l’histoire du sac le plus convoité du monde, ce serait celui de la « légende ». Par définition, la légende est un récit merveilleux où l’imagination transforme la réalité. Et de toute évidence, l’histoire du Birkin de la maison Hermès fait partie des contes merveilleux de la mode dans lequel les lutins sont les petites mains de la maison Hermès et la bonne fée marraine Jane Birkin.
Alors qu’il va bientôt fêter ses quarante ans, je vais vous raconter l’histoire féérique d’un des objets les plus désirables de ces dernières décennies.
Chapitre 1 : Quelque part au dessus de la Manche
Apparemment pas coutumière des sacs à langer classiques pour ses déplacements, l’actrice Jane Birkin déplore alors à Jean-Louis Dumas, durant un vol Paris-Londres en 1984, de : « ne pas trouver un cabas chic et adapté » à ses besoins de jeune maman.
Cette dernière venant alors de renverser son panier en osier contenant les nécessaires de sa petite fille Charlotte.
Galvanisé par cette mission, le président de la maison Hermès de l’époque va alors imaginer un sac reprenant les traits du cultissime Kelly, né trente ans plus tôt, tout en le rendant plus fonctionnel et spacieux afin d’y accueillir l’artillerie d’une mère.
C’est ainsi que le sac au nom de sa muse, le Birkin, prendra naissance.
Chapitre 2 : Le prince devenu célèbre
Le Birkin connait alors une success story sans précédent faisant même de lui un personnage récurrent des séries américaines.
On se souvient de la scène entre Rory Gilmore et sa grand-mère qui lui explique qu’un sac Birkin n’est pas fait pour être porté mais pour être vu avec.
Autre scène culte, dans Sex and The City cette fois-ci, durant laquelle Samantha fait face à un vendeur d’une boutique Hermès lui indiquant qu’il lui faudra patienter au moins cinq ans avant de l’obtenir, en justifiant alors que : “Ce n’est pas un sac, c’est un Birkin”.
Chapitre 3 : Tout pour plaire
Reconnaissable par sa forme évasée, et ses deux anses rigides, il est surtout la représentation d’un savoir-faire d’excellence habillé de matériaux rares aux caractéristiques uniques. On pense notamment au Barenia qui compose de nombreux Birkin, autrefois utilisé par la maison pour la fabrication de selles, et qui est considéré comme le cuir le plus cher et luxueux au monde.
Chaque sac est confectionné à la main, par un seul et même artisan, après 15 à 16 heures de dur labeur.
Comme vous le savez, ce travail remarquable a un coût qui n’est pas des moindres puisqu’aujourd’hui, les prix commencent à 5 000 € pour un sac « standard » de bonne qualité et s’élèvent à plus de 100 000 € pour les modèles les plus rares.
Chapitre 4 : Pris au piège
Si ces prix n’effrayent pas les célébrités comme Victoria Beckham par exemple qui en possède pas moins d’une centaine, le commun des mortels n’est pas encore prêt à débourser une fortune pour l’arborer à son bras. C’est donc là qu’intervient un récurent ennemi des maisons de luxe, les contrefaisants.
C’est ainsi qu’on a pu voir neuf anciens salariés d’Hermès participer à la fabrication et à la commercialisation de sacs contrefaits aux côtés d’un « professionnel du faux » récemment condamné à une peine allégée de six à trois ans de prison dont deux ans ferme.
Plus inventif que les autres, un créateur new-yorkais du nom de Mason Rothschild a quant à lui réussi à profiter de la notoriété de la prestigieuse maison le temps d’un instant en créant des images du fameux graal sur des jetons numériques appelés NFT (non-fongible token). Bien qu’original, ses Metabirkins n’ont pas obtenus la faveur du tribunal de New-York qui a condamné son fondateur à verser 130 000 dollars de dommages et intérêts pour contrefaçon, dilution de marque et cybersquatting à son illustre modèle.
Chapitre 5 : Tout est bien qui finit bien
Fort heureusement, et comme tout conte de fée, l’acharnement sans faille des fraudeurs n’ébranle en rien cette belle histoire d’amour entre la belle (maison de luxe) et son prince (le Birkin).
